On ne devrait plus le présenter, c’est pourtant ce que je m’apprête à faire. Thelma et Louise est un film réalisé par Ridley Scott et écrit par Callie Khouri. Il est sorti dans les salles en 1992 et est considéré comme le film « féministe » par excellence. Le film est souvent dit « féministe » en raison de sa production : en effet, la scénariste Callie Khouri avait un véritable rôle décisionnel durant le tournage (phénomène assez rare au sein d’une industrie hollywoodienne largement dirigée par les hommes), et le choix des actrices Susan Sarandon et Geena Davis dont l’âge aurait pu être prohibitif dans l’obtention du rôle est également mis en avant. Si ces faits sont intéressants ils n’en restent pas moins assez anecdotiques. C’est dans l’œuvre cinématographique elle même que l’on doit chercher la cause de la réputation que porte le film depuis déjà vingt ans.
Alors qu’est ce qui fait de Thelma et Louise une production si particulière ? Il va sans dire que le film passe haut la main le Bechdel Test. Plus profondément Thelma et Louise nous montre une image de l’émancipation féminine retournant les codes hollywoodiens du genre, le mot révélant ici de multiples facettes. D’une part le film appartient avant toute chose aux genres cinématographiques des buddy et road movies. D’autre part, ces derniers se focalisent d’ordinaire sur des personnages masculins. Ici, deux amies, Thelma et Louise décident de partir en week-end loin du mariage et du travail de chacune. Alors que Thelma subit une tentative de viol, Louise tue son agresseur. S’engage alors une course poursuite avec le FBI, qui apportera une libération assez paradoxale aux deux héroïnes.
Ici le genre subvertit le genre … Les codes du road movie sont retournés, mettant en scène deux femmes qui connaîtront sans voile les violences imposées à leur sexe, mais finiront par se battre pour leur indépendance. Je tenterai ici de vous montrer comment avec Thelma et Louise, Scott et Khouri entendent mettre en image une révolution positive de la balance des pouvoirs entre les sexes.