En 1992, Orlando sort sur les écrans. Sa réalisatrice,
Sally Potter, est connue pour ses travaux expérimentaux en cinéma comme en
danse où elle crée la première compagnie auto-déclarée féministe. Il s'agit de
son premier long métrage. Son film apparaît à l'époque comme une œuvre ambiguë,
film de genre car film d'époque, mais surtout objet de recherche visuelle et
narrative. C'est ainsi que Orlando est primé à Berlin, l'année de sa
sortie. Depuis, le film bien que devenu une référence s'est trouvé confiné à
une circulation très réduite.
Le lecteur impatient me demandera alors, mais comment est-il
possible d'adapter cinématographiquement Orlando ? Le ton, l'absence de
discours autre que celui de la narratrice, l'absence de logique explicite, et
la profusion des scénettes dans le livre devraient rendre impossible sa
transformation en œuvre cinématographique. C'est pourtant le tour de force que
réalise Potter. Ainsi la spécificité de ce film comme adaptation, se situe dans
sa réécriture. Une réécriture fine, entièrement effectuée par Potter, mêlant
plusieurs dynamiques que nous aborderons à présent.